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Deux Monochromes
21 janvier 2015

Des médias et des masses

Bon, pour revenir à Charlie Hebdo du jour, heureusement, le JDD a bien ri (moi pas, mais bon, l’égout et les couleurs…)… Nous avons pu découvrir le premier numéro Charlie Hebdo réalisé par les survivants de l’attentat du 7 janvier. Triste et souvent très drôle. Finalement, ce n’est pas facile de lire ce premier numéro de Charlie Hebdo après la tuerie. Avant de tourner les pages, il y a bien sûr l’excitation de lire un journal que tout le monde attend. Vite balayée par ce qu’on y trouve. Une plongée dans l’horreur de l’attentat du 7 janvier. Comme dans ce texte du journaliste scientifique Antonio Fischetti. Absent le jour de la tuerie car il assistait à l’enterrement de sa tante, il s’asseyait d’habitude “aux côtés de Tignous, Honoré et Elsa Cayat”. Les balles des frères Kouachi aurait dû l’atteindre. Glaçante, la chronique de l’urgentiste Patrick Pelloux, qui feint de ne pas croire à la réalité. Quand on a découvert Charlie en cachette de ses parents en 1992 et qu’on l’a abandonné 19 ans plus tard pour de mauvaises raisons, on souffre en relisant un texte mordant d’Oncle Bernard sur la nature profonde de Charlie (“Riez, amis riez”), des vieux dessins remplis de pimpantes femmes nues de Wolinski , un Cabu sur l’Erasmus du djihad, les vœux prémonitoires du leader de l’Etat islamique inventés par Honoré pour la nouvelle année, des mouches de Tignous, du rab de Charb, une chronique de la végétarienne et ultra des animaux Luce Lapin, qui nous informe sur le sort des compagnons à quatre pattes des dessinateurs assassinés…. Alors, bien sûr, ce n’est pas le meilleur numéro de Charlie Hebdo. Trop d’effroi et de tristesse. Quand d’habitude on le lit en se “poilant”, là on est comme Mahomet sur la couverture, une larme à l’oeil. Vaillamment, Luz parvient à faire franchement rire avec sa liste des “plus” et des “moins” après l’attentat, notamment quand il nous force à imaginer Angela Merkel sans culotte. Mais l’horreur revient avec sa dernière case, la rédaction de Charlie en sang. Très juste, le texte du rédacteur en chef Gérard Biard met mal à l’aise quand il remet en place tous ceux qui ont lâché Charlie, pour de mauvaises raisons, après le numéro sur la “Charia molle”. Il rappelle que le tri se fera entre ceux qui, à travers leur soutien manifesté ces derniers jours, sont “sincèrement et profondément”, “Charlie”, et “les autres” que “nous emmerdons” et “qui de toute façon, s’en foutent…” Il fait sourire avec son message au pape François : “Nous n’acceptions que les cloches de Notre-Dame sonnent en notre honneur que lorsque ce sont les Femen qui les font tinter.” Sylvie Coma, spécialiste de l’Afrique et ancienne rédactrice en chef, se veut combattante en évoquant, comme on dit en Côte d’Ivoire, les “s’en-fout-la-mort” de Charlie et conspue les “jaloux saboteurs aux yeux de crocodiles”. “Crever c’est déjà assez chiant comme ça pour pas qu’en plus on ait la trouille. C’est Cabu qui disait ça. ‘On ne va pas chialer, quand même!’ s’était écrié Cavanna à la mort de Gébé”, rappelle-t-elle. Mais dans Charlie, le meilleur, ça a toujours été la dernière page. “Les couvertures auxquelles vous avez échappé”. Qu’importe ce qu’il s’est passé, elle permet une dernière vanne contre Plantu ou encore à Jul de revenir : “L’un des tueurs travaillait au ‘tri sélectif’ à Paris”, écrit-il. On voit dans son dessin un des frères Kouachi devant une poubelle “bien” et une autre “mal”, se gratter la tête : “C’est trop compliqué”, se lamente le terroriste. Coco ressuscite le “beauf” de Cabu qui scande “ah bah, finalement je suis Charlie”. De la main gauche, le trait tremblant, car il a reçu une balle à l’épaule droite durant l’attentat, Riss se moque des terroristes : “Dessinateur à Charlie Hebdo, c’est 25 ans de boulot. Terroriste, c’est 25 secondes de boulot. Terroriste, un métier de feignant et de branleur.” Christophe Besse fait se réjouir Wolinski qui, au paradis, “re-bande”. Et Catherine imagine la Mort hurler de rire. Et déclarer : “Je m’abonne”. On sait déjà qu’elle ne sera pas la seule.

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