Pasqua et Fernandel
La famille de Charles Pasqua a annoncé dans un communiqué envoyé au journal Le Point que l’ancien ministre de l’Intérieur était décédé lundi 29 juin des suites d’une crise cardiaque. Il avait 88 ans. Sa carrière, on pourrait la faire commencer à ses 15 ans, quand il entre en résistance. C'est déjà de la politique, et c'est déjà un lien avec De Gaulle –pour qui il cofondra ensuite le Service d'action civique (SAC), une association controversée. 1968: l'année des législatives largement remportées par les gaullistes UDR, mettant une raclée à l'opposition, Pasqua prend quartiers dans son fief des Hauts-de-Seine. Il en deviendra député puis sénateur et président du conseil général... Il participera ensuite à la fondation du RPR, et deviendra le puissant ministre de l'Intérieur que l'on a en mémoire, de 1986 à 1988 et de 1993 à 1995. Des mandats de droite dure, marqués par la répression: des manifestations contre le projet de loi Devaquet, des mesures contre les immigrés. Plus tard, à la mort du RPR, il passera UMP, pour devenir député, puis sénateur. Il en critiquait en 2014 les hésitations idéologiques: «l'UMP est un mélange, c'est un rassemblement de gaullistes et de centristes. On ne peut pas dire que tout ça soit un amalgame parfait. Il faut bien reconnaître ça.» Et au congrès fondateur des Républicains, Pasqua était venu apporter son soutien. Et de cette très longue carrière, beaucoup retiendront les affaires, ses tirades, son accent du sud, et son imperméabilité face aux attaques, qu’elles viennent des médias, des juges ou de ses adversaires politiques. Le site de l’INA regorge de plusieurs de ses moments, montrant les coups d’éclats comme les zones d’ombre de l’homme politique Pasqua. Une vidéo, datée du 6 septembre 1986, prend une dimension particulière aujourd’hui. Au lendemain d’attentats commis contre la France, il va évoquer une «guerre» contre le terrorisme, comme le fera Manuel Valls au lendemain des attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015. En 1987, après s'en être pris aux indépendantistes corses en les qualifiant de «terroristes», le ministre Charles Pasqua s'est rendu à Ajaccio pour donner un discours sur les troubles en cours sur l'île. Malgré l'hostilité de la foule et plusieurs explosions à proximité, il restera impassible.